Ses yeux bleus me transperçaient comme
des flèches de glace. Un halo blond encadrait son visage aux courbes
douces.
Elle savait. Elle savait tout, tout de
moi, de ma vie, elle savait tout du monde. Elle voyait. Je ne
pourrait pas l'expliquer assez justement. Elle voyait jusqu'au fond
de mon âme, avec elle les mots étaient inutiles.
Elle posa la main contre ma joue, son
pouce effleurait ma tempe. J'avais peur dans le noir, seuls ses yeux
éclairaient ma nuit. Elle était cette image fugitive dont on sait
qu'elle est vitale, essentielle.
Sa main était d'une telle fraîcheur,
j'avais le sentiment que c'était là ce dont j'avais besoin. J'avais
besoin d'elle. Elle redonnait sa consistance au monde, en elle se
cristallisaient toutes les beautés de la vie.
Cette nuit-là, tandis que je
m’éveillait après un sommeil que je jugeait trop profond, son
visage radieux me faisait comprendre qu'il me fallait vivre. Sans ça,
je perdait la plus belle chose qu'il m'ait été donné de voir.
J'étais mort. Elle ne m'est apparu que
l'espace d'un instant, un instant qui me sembla infini. Mais ce
n'était qu'un instant, à la suite duquel elle disparu, laissant
derrière elle une aura d'une indéfinissable magnificence.
La sirène de l'ambulance me parvint,
je restais éveillé assez longtemps pour qu'ils puissent m’emmener
et me prodiguer les premiers soins sans lesquels j'aurai replongé
dans la noirceur de l'inconscience.
Je ne doit ma survie qu'a cet ange qui
ne m'est apparu qu'un seul instant perdu dans l'immensité du temps,
un seul instant qui changea ma vie toute entière, parce que ce
soir-là j'aurai dû mourir.
30/06/12
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