vendredi 3 mai 2013

Metamorphose - Chapitre 8 - La Vagabonde du Sjaelland

Chapitre VIII – La Vagabonde du Sjaelland

Comme l’avait prévu Lüdwig; Klaus, Rachel, Astrid et ses frères Stephen et Erik, arrivèrent le lendemain aux alentours de trois heures du matin. Aussitôt accueillis et les présentations faites, ce fut au tour de Julia d’apparaitre, comme convenu.

«  Bien. Commença Lüdwig. Si je vous ai fait venir aujourd’hui, mes amis, c’est pour qu’ensemble nous aidions Elvira à trouver des réponses. Il y a longtemps, elle est devenue vampire, et mue par un désir de vengeance que vous comprenez, j’en suis sûr, elle s’est mise à la recherche de son agresseur. Récemment, elle a obtenu des informations capitales à ses recherches.
Elvira raconta alors la révélation faite par Nathanaël, puis les informations acquises au Black Diamond.
-Comment pouvez-vous être certaine qu’il s’agisse là d’informations fiables ? demanda Erik. J’espère bien, Lüdwig, que tu te rends bien compte que tu nous as fait venir dans le but de chercher un mythe.
-Oui, répondit celui-ci, mais cela n’a rien d’aberrant. Ne sommes-nous pas nous-même des mythes ? Julia n’est-elle pas un mythe ?
-Certes, dit alors Klaus. Heir Lüdwig, Frau Geillis, nous avons répondu à votre demande car nous pensions savoir à quoi nous en tenir. Elvira, vous m’avez l’air d’une personne intelligente, mais êtes-vous certaine de ce dans quoi vous vous engagez ?
-Certaine, Heir Klaus. Sans nul doute. J’ai confiance en Nathanaël, il ne m’aurait jamais mise sur une fausse piste sachant l’importance que tout cela a pour moi.
-Je puis l’affirmer également, renchérit Julia. Je suis télépathe, et… Oh !
-Julia… murmura Elvira. Alors c’était vrai.
-Quoi, encore ? souffla Erik. Qu’allez-vous nous annoncer, à présent ?
-Cette partie de l’histoire ne concerne que moi.
-Allons bon !
Astrid prit la parole lorsque l’agacement de son frère devint insupportable pour les nerfs.
-Frère, laisse-moi te dire une chose. Tu n’es qu’un petit con ! Doublé d’un égoïste, si tu veux savoir ce que je pense. Une femme à l’évidence déterminée à connaitre la vérité te demande ton aide, et toi tu la refuse sous prétexte que les détails ne te conviennent pas ! Réfléchit un peu, sombre crétin ! Lüdwig ne nous aurais jamais mandé s’il n’avait été certain du bien fondé de ses recherches !
-Tu m’emmerde, à la fin ! Tout ce que je dis, c’est que le fruit de ses recherches est une Ase, Astrid ! Une Ase !
-Tu as un esprit tellement étriqué, mon pauvre frère, tu es pourtant bien placé pour pouvoir croire que les mythes existent ! Tu en es la preuve, bon sang !
-Notre existence n’a rien de commun avec ce que cherche cette femme !
-SILENCE !

La voix de Stephen résonna dans l’air un instant, Erik et Astrid se turent, ébahis de voir leur frère hurler de la sorte, lui qui d’habitude était si calme.
Ce fut Elvira qui brisa le silence.
-S’il vous plait, cessez de vous disputer. Ce n’est pas ce que je souhaite. Vous n’êtes pas tenus de rester si la tâche vous parait impossible à mener. J’aimerais néanmoins que vous compreniez que j’ai moi-même eut du mal à croire qu’une telle chose soit envisageable. Mais Astrid à raison, je suis là, pourtant, nous tous, nous sommes des créatures dont parlent les mythes anciens. Vous pensez qu’un mythe ne peut pas être ? Songez seulement que vous existez, envers et contre tout. Lorsque Nathanaël m’a parlé de Zhoran, et d’Yggdrasil, je me suis d’abord montrée incrédule, presque autant que vous. Mais j’ai fini par me dire, pourquoi pas, puisque j’existe. Je ne vous force pas à rester. Partez si vous le désirez, mais je vous interdis de croire qu’une chose puisse être impossible. Rien ne l’est, tout est envisageable, même la plus folle des idées nées d’un fou. Il y a des millénaires en Babylone naissait un mythe. Nous. Souvenez-vous-en.

Elle tourna le dos au groupe et avança vers un angle de rue auquel elle s’appuya, l’air exténuée. Comme si le poids d’un univers pesait sur ses épaules. Elle songea à Atlas, le Titan condamné à porter la voute céleste. Un instant seulement Hercule le soulagea de son fardeau. Elle espérait tellement que ce fut le cas pour elle.

-Oh, ne demande pas Hercule, Elvira, miaula Julia. Tu oublies la suite de l’histoire. Lorsqu’Atlas revint du jardin des Hespérides avec les pommes d'or, celui-ci proposa à Hercule de les amener lui-même à Eurysthée. Hercule, qui n’était pas idiot, feinta Atlas en lui demandant de le remplacer quelques instants afin qu’il puisse s’installer plus confortablement. Atlas reprit sa place, et dupé, la garda pour l’éternité. Choisit quelqu’un qui ne saurai te duper.
-Je saurais me souvenir de ton conseil, Dame-Chatte. Répondit Elvira en souriant, le cœur apaisé.
-Mesdames, nous avons convenu d’un accord. Intervint Geillis.

Celle-ci les reconduisit auprès du groupe. Klaus et Erik semblait encore nerveux, mais Julia rassura Elvira en lui susurrant à l’oreille qu’ils étaient juste en train de bouder. Rachel parla pour la première fois depuis leur rencontre.

-Elvira, mes compagnons et moi-même avons décidé de t’aider. Tes paroles ont touché mon cœur, celui d’Astrid et de Stephen. Sans compter tes amis, bien sûr. Or à cinq contre deux, le choix a été facile. Il a en outre été convenu que nous nous partagerions l’île. Klaus s’occupera de la région de Pragstø, au sud ; Astrid, Naestved, au centre de l’île ; Stephen, Helsingør, au nord ; Erik, Roskilde, à l’ouest de Copenhague ; Lüdwig et Geillis s’occuperont des îlots voisins du Sjaelland, Lolland, Falster et Møn principalement. Quand à Julia, elle a été désignée pour visiter Korsør, à l’ouest de l’île, ainsi que Køge, à l’est ; et moi Hillerød, au nord. Et enfin, toi, Elvira, tu as été assignée à Kalundborg au nord-ouest. Nous commencerons les recherches dès demain. Pour l’heure, nous aimerions dîner.
-Bien. Merci à tous.
Erik et Klaus ronchonnèrent, et les autres se confondirent en « Oh mais ce n’est rien ».
-Heureusement que nous ne fouillons pas un grand pays, plaisanta Stephen, sinon à huit nous y passions le prochain siècle ! »

Ce fut finalement sur cette note joyeuse que les huit compagnons se mirent en quête d’un dîner. Chacun ayant reçu un jour les enseignements de Lüdwig concernant la chair humaine et la chair animale, tous se réjouirent d’une tournée de steaks. Seule Elvira fit semblant d’être heureuse, mais cela ne trompa pas Julia.
«  Elvira, je commence à croire que tu es bien plus mystérieuse que tu n’en a l’air, ce qui pourtant semble assez difficile…
-Que veux-tu dire ?
-Tu ne ris pas.
-Non… j’en suis incapable. Je suis vampire, Julia, je ne ressens rien.
-Tes amis rient pourtant.
-Je le vois bien. Ils ne font pas semblant ?
-Non. Ils rient de bon cœur. Elvira, toi seule t’empêche d’accéder à un réel éclat de rire. Du moins c’est ce que je perçois de toi. Je suis télépathe, je ne possède pas toutes les clés, malheureusement.
-Julia, parle-moi de Nathanaël. Il est ici, je le sais, cela t’as échappé tout à l’heure. Que…
-Il t’observe, Elvira, mais son regard n’est jamais malveillant. Il te surveille de loin car il pense que tu risques quelque chose.
-L’autre…
-Non, je ne pense pas. Il n’est pas question d’une menace humaine, dans ses pensées… ou alors elle a existé mais n’est plus. L’autre, celui qui te veux du mal, est un homme, pas un vampire, mais son âme est aussi noire que celle d’un démon. Je ne parviens pas à savoir pourquoi exactement il veut ta perte, mais c’est un fait, il la veut.
-Si les craintes de Nathanaël n’ont pas de lien avec l’autre homme, alors… pourquoi ? Que pense-t-il ?
-C’est justement le fait de connaitre ses pensées qui te mets en danger. Je ne peux pas risquer de te les révéler, il le fera lui-même, le moment venu.
-Il n’y a pas à discuter…
-Je crains que non. En tout cas pour ce qui est de l’autre, demain, et les jours suivants, je garderai mes oreilles ouvertes, et je saurai venir à toi assez rapidement si jamais j’entendais quelque chose qui signifierai un quelconque danger pour toi. Je commencerais les recherches dès l’aube, ainsi, je pourrais te rejoindre. Cela dit je pense que si jamais quelque chose te menaçait, Nathanaël se montrerais alors. Je pense qu’il a peur pour toi.
-Hum, j’en doute. Nathanaël me hais, c’est le cas depuis des décennies.
-C’est à moitié vrai, mais il ne ressent pas que de la haine. Il y a de l’amour aussi.
-Comment cela pourrait-il être vrai ? J’ai fait de lui un cadavre buveur de sang.
-Là ses pensées se brouillent trop pour que je puisse saisir les subtilités. Mais sois en sure, Elvira, il n’y a pas que de la haine dans son cœur. Si tu prenais conscience de toutes tes capacités, tu pourrais l’entendre aussi.
-De quoi parles-tu ?
-La beauté n’est pas notre seul point commun, chère amie, je sens quand quelqu'un à la capacité de lire mes pensées. Concentre toi sur mon esprit, visualise-le, et prend soin de ne pas effacer trop rapidement les images, les impressions qui te submergent.
Elvira s’exécuta et quelques minutes plus tard :
-Je vois…une boite de thon ?
-Je n’ai rien trouvé de mieux. Entraine-toi, et bientôt tu sauras entendre les mots.
-Comment est-ce possible ?
-Tu as de nombreuses qualités, Elvira, seulement tu les ignores. Bon, je vais dormir un peu. A demain, Elvira.
-A demain. Et…merci.
-Tu me plais, Dame-Vampire.
-Tu me plais aussi, Dame-Chatte.»

Julia partie, Elvira fit ce qui commençait à devenir une habitude : se poser des questions auxquelles elle ne pouvait trouver de réponses.
La soirée s’acheva à l’hôtel, où chacun regagna sa chambre. Il n’y avait plus assez de place pour tout le monde, mais l’hôtelier permit à Elvira, Lüdwig et Geillis de partager leurs chambres, pour un prix raisonnable. Elvira partageait sa chambre avec Rachel, qui s'était déjà endormie à peine arrivée.
Le gérant de l’hôtel devait être soit très gentil, soit stupide. Elvira l’enviait pour la tranquillité qu’il devait vivre au quotidien. Des journées banales, des nuits de sommeil emplies de songes doux et tranquilles.
Trop tard. Beaucoup trop tard pour espérer la banalité.
La pluie se brisait sur son carreau. On se serait cru dans un vieux film en noir et blanc, sans couleurs, mais riche de symboles, d’espoir. Ici tout était noir, mais sans rien de beau. Tout est si sale. C’est ça, la réalité ?
Heureux les ignorants, dit-on. Ils ne voient pas la douleur, tout ce qui est sale et froid. Il y a une chaleur dans leur âme, peuvent-ils seulement la voir ?
Je sais que tu es là, je ne peux pas te voir, seulement savoir que tu es là. Tu as tellement le droit de me haïr, mais sais-tu seulement à quel point j’aimerai que tout soit différent. J’aimerai tant revenir en arrière, rester sourde aux bruits qui m’ont amenée à faire ces choix. Si seulement tu pouvais comprendre. Dans un monde où je ne sais plus ce qui est vrai, j’aime tant me raccrocher à l’idée que tu existes, je déteste tant l’idée qu’il m’ait fallu exister pour que tu sois là.
Chaque choix est nécessaire, ils amènent à une conclusion inévitable, que personne ne peut changer. L’avenir n’est certes pas gravé dans la pierre, mais doit-on espérer changer le cours des choses ? Ce qui est fait ne peut être changé. Seuls comptent les choix, bons ou mauvais. Y a-t-il un mauvais chemin que l’on doit éviter à tout prix ? Comment savoir si celui que l’on emprunte est le bon ? On ne le sait que trop tard, et il est impossible alors de revenir sur ses pas.
Pour Elvira, il est trop tard, elle ne peut remonter le cours du temps.
Elle resta là de longues minutes à observer les gouttes de pluie, le temps changer, tout changer, sans elle. Comme une spectatrice malheureuse qui ne peut influer sur ce dont elle est témoin.
C’est ça, la réalité ?

Dans son sommeil, Elvira vit Nathanaël, qui riait au-dessus de son cadavre. Puis il se mit à pleurer et murmura quelque chose… « Ta main dans la mienne. » Ce n’était pas un souvenir. Elle ne pouvait pourtant pas rêver.
Rachel la réveilla le soir venu. Le temps était venu de se séparer, et de chercher. Il était convenu que Julia servirait de messagère, afin de les rassembler une fois les recherches terminées. Il fut décidé en outre que chacun resterais au moins quatre jours sur place, afin d’exploiter au mieux toutes les ressources.
Chacun se dirigea vers la destination assignée par Rachel.


Kalundborg était une ville portuaire, faisant partie d’une agglomération comprenant celle-ci, Gørlev, Hvidebæk, Bjergsted et Høng ; située à environ 92 kilomètres de Copenhague.
Elvira s’était procuré une brochure afin de mieux connaitre la région. Elle apprit en l'occurence l’existence d’une église singulière, d’un fort construit dans le creux d’un fjord- dont aujourd’hui il ne reste que les fondations ; et appris également que la ville comptait environ 50 000 habitants pour une superficie de six-cent kilomètres carré.
Le port était tranquille à cette heure du soir, et l’eau clapotait doucement sur les bateaux amarrés. La ville était en fait composée de petites maisons aux couleurs chaudes, alignées les unes à côté des autres. Au nord il y avait le port industriel, la raffinerie ; à l’est, des champs s’étendaient. Au cœur de la ville, c’était comme un parc géant, les espaces étaient presque tous bordés d’arbres et de bosquets, il devait sans doute y avoir autant de parcs verdoyants que de maisons.
Elle ne savait par où commencer. Il allait de soi qu’il ne serait pas évident de questionner les habitants au sujet de l’existence hypothétique d’une déesse dans leur région.
Elle entreprit de se rendre d’abord à l’office de tourisme afin de savoir où elle pourrait en apprendre plus sur l’histoire du lieu. Cela l’aiderait sans doute, du moins elle l’espérait.

Sa brochure indiquait l’adresse : 7, Klosterparkvej. Celle-ci fermait néanmoins à seize heures, or à cette époque de l’année le soleil se couche à vingt heures sur le Danemark. Mauvais point de départ pour l’instant. Pour le matin, même problème, le soleil se lève avant l’ouverture de l’office.
Il ne lui restait plus qu’à téléphoner en espérant qu’ils ne lui demandent pas de se déplacer. Mais pour l’heure il n’y avait plus grand-chose à faire, alors elle entreprit de vagabonder au hasard des rues.
N’ayant rencontré personne, elle finit par s’asseoir pour observer la vue en contre plongée du port. Malgré l’obscurité elle pouvait voir les machines s’activer. Elles diffusaient une lumière douce en pointillés mouvants.
Elvira se demanda si les recherches de ses compagnons étaient fructueuses. Pour Julia, peut-être, elle était la seule à pouvoir entreprendre des recherches de jour, et à pouvoir entendre les pensées des gens.
Elvira sursauta a cette pensée. C’était tellement évident. Si Julia avait raison, elle aussi avait cette capacité. Comment avait-elle pu vivre tout ce temps sans s’en rendre compte ? Quelque part, elle ne s’en sentait pas vraiment capable, mais elle devait au moins essayer. Par où commencer ? Trouver un sujet, d’abord.
Or à cette heure-ci, peu de chance qu’elle trouvât un sujet d’étude convenable. Peut-être vers le port, il devait sans doute y avoir encore quelques ouvriers au travail pour s’occuper de la machinerie.
Elle se dirigea donc dans cette direction. Il y avait en effet quelques hommes encore au travail. Elle se concentra sur l’un d’eux, faisant le vide dans son esprit. Elle n’entendit rien, d’abord, puis une espèce de bourdonnement diffus. Un chuchotement, plutôt, mais presque inaudible. Elle se concentra d’avantage.
Le bruit ne se fit pas plus net tout de suite, Elvira fut d’abord assaillie d’images et de sensations. Puis un mot. Se concentrant de plus en plus elle put alors entendre une pensée claire et distincte.
L’étonnement fut total pour Elvira, jamais elle n’aurait pu s’imaginer capable de lire les pensées. D’un côté, elle s’en félicitait, du moins en ce qui concernait la tâche à accomplir ; d’un autre côté, elle se dit qu’elle était stupide de ne s’en être jamais rendu compte. Après six cent ans, comment avait-elle pu passer à côté d’un détail aussi important ? Si elle l’avait su plus tôt, elle aurait pu comprendre tellement de choses.
Pas le temps de se lamenter.

Elvira passa la nuit à sonder les esprits, sans grand résultat. Les gens n’avaient pas choisi cette nuit précisément pour songer à une déesse. Le mieux serait encore d’attendre et de guetter.
Le lendemain, elle appela l’office de tourisme, comme elle l’avait décidé. La femme qu’elle eut au téléphone ne lui apprit pas grand-chose. Ses connaissances en ce qui concernait les légendes liées au pays s’avéraient limitées. Néanmoins, elle se montra sensible à la curiosité d’Elvira, et lui parla d’un personnage connu dans la région de Kalundborg. Un certain Gabriel Svenson, un vieil homme qui d’après la standardiste était passionné par sa ville et son histoire, auteur d'un livre sur le sujet qui faisait la fierté des riverains.
Adresse en poche, elle y fut le soir même. Svenson l’accueillit avec sourire lorsqu’elle lui eut exposé les raisons de sa visite. Du moins sans bien sûr évoquer les raisons qui eurent révélé sa nature.
L’homme introduisit Elvira dans un salon modeste mais richement décoré. Les meubles semblaient être taillés dans du bois massif, un tapis aux couleurs fanées était cerné par un canapé de cuir marron et un meuble surmonté d’un poste de télévision qui semblait tout droit sorti des années soixante. L’un des murs était entièrement recouvert d’une bibliothèque imposante. Certains livres semblaient très vieux.

« Merci de me recevoir à cette heure tardive, commença Elvira tandis que Svenson lui tendait une tasse de thé fumant. Comme je vous l’ai dit, je m’intéresse beaucoup à l’histoire de ce pays, à sa culture et principalement à ses légendes.
-Oh, je suis ravi de pouvoir partager mes connaissances. A quoi me serviraient-elles si je ne pouvais pas les offrir à qui les voudraient ? répondit le vieil homme au visage parcheminé, aux cheveux poivre et sel et aux yeux d’un vert pâli par une cataracte avancée.
-Je partage votre opinion.
-Bien ! Par quoi souhaitez-vous commencer ?
-Eh bien, j’ai entendu parler d’un mythe scandinave qui explique la façon dont le Sjaelland fut né. Il s’agissait d’un roi…
-Gylfi, bien sûr. Il fit don d’un morceau de son royaume –la Suède- à une ase.
-Oui. Je me demandais simplement, existe-t-il des détails plus précis ? Je veux dire, le Sjaelland est malgré tout une île relativement grande, si il me venait l’idée de… disons rencontrer cette ase, où devrais-je la chercher ?
-Vous posez là une question bien compliquée, mademoiselle. En fait il n’existe pas de réponse dans les écrits, mais comme vous vous en doutez, les choses sont parfois plus dites qu’écrites. Lorsque j’étais enfant, ma grand-mère me racontait beaucoup de légendes, dont bien souvent on ne trouvait trace dans les livres. Oh, bien sûr, je ne garantis pas leur véracité, toujours est-il que l’une de ses légendes était celle que vous évoquez. Selon ces récits oraux, Gefjon, la ase à qui Gylfi fit don du Sjaelland, bâtit sa maison du côté de l’Isefjord – au nord du pays-, sur une colline que l’on dit protégée par un bouclier d’illusion, bordée par la forêt de Kongsøre Skov. En fait ce rempart immatériel a pour fonction de travestir la réalité, alors on ne peut voir la maison de Gefjon, juste… une colline. Il est dit aussi que qui s’en approche d’un peu trop près ressent immédiatement une peur irrationnelle qui les pousse à rebrousser chemin. Bien sûr je n’ai jamais pu le vérifier moi-même, plus jeune ma famille et moi n’avions guère les moyens de quitter Kalundborg, ensuite, vieillissant j’ai perdu le courage. Je sens que vous désirez voir de vous-même. Soyez prudente, mademoiselle, l’inconnu est potentiellement dangereux, vous savez.
-Je le sais. Merci. Selon vous, où devrait normalement se trouver Yggdrasil ?
-Tout au nord, je suppose ; quelque chose comme le large de la Norvège.
-Oui, cela parait logique… Si l’on considère l’éventualité que ce mythe fut le résultat d’une observation scientifique, il est probable que les pôles soient un élément important. Bien, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Vous m’avez été d’une aide fort précieuse.
-Le plaisir est pour moi, mademoiselle. N’hésitez pas à revenir me voir si d’autres questions vous taraudent.
-Je n’y manquerais pas. Au revoir. »

Elvira prit congé, et aussitôt sortie de la demeure du vieil homme, tenta de contacter Julia. Elle n’eut pas de réponse à son appel silencieux, mais quelque chose en elle lui disait que le message était passé.
En deux jours elle avait déjà appris plus que ce qu’elle espérait. Cependant elle décida de ne pas suivre tout de suite la piste énoncée par Svenson, attendant de savoir si les autres avaient découvert quelque chose. Il lui semblait évident de les attendre alors qu’elle les avait fait venir pour l’aider.

La sensation d’avoir été suivie se fit sentir à nouveau. Elle ne savait que faire. Hurler ? Hurler quoi ? Montre-toi, que veux-tu ? Bon sang, fais quelque chose ! Qu’espères-tu as me suivre ainsi ?
Elvira ne cessait de se demander pourquoi, qu’est-ce qui le motivais à agir ainsi ? Julia avait dit qu’il n’y avait pas que de la haine en lui, oui, mais en cet instant, qu’est-ce qui prend le dessus? Cette part de haine, ou cette autre part, de l’amour peut-être ? Non, non et non !
Et merde, tiens ! Saloperies de questions inutiles, encore ! Cesse donc de te tourmenter à cause de cette folie, elle ne sert à rien, embrouille l’esprit et tue à petit feu.
Ils sont lourds les instants où dès que l’on arrête de bouger, de s’activer, les pensées se tournent vers celui qui n’est pas là. Et ces pensées-là sont presque immanquablement vierges de toute logique et de raison. Ces pensées-là abrutissent et n’amènent aucun réconfort. Elles tuent. On a beau essayer de s’occuper, elles reviennent toujours. Les mêmes questionnements se répètent sans cesse, ils sont stupides et n’attendent aucune réponse. Alors suffit, maintenant ! Il est temps de passer à autre chose. Elvira n’aura pas de réponses ce soir, alors il est inutile d’insister.
Et pourtant, la solution était tellement évidente… Tellement évidente qu’elle restait invisible. Quel gâchis…
Sous un ciel sans étoiles, Elvira repartit dans son errance, tiraillée entre ses questions stupides et l’envie de les fuir. Et Nathanaël caché sous un porche délavé n’entendis pas ses plaintes, se contenta de regarder et de penser à celle qui était trop là et dont il ne pouvait détacher le regard.


Le lendemain soir, Julia rejoint Elvira, accompagnée d’Erik et de Rachel. Ce dernier n’avait rien trouvé d’intéressant, si ce n’étaient les racontars de pauvres ivrognes.
Rachel quant à elle, revenant du nord du Sjaelland, avait entendu des récits identiques à celui de Svenson.
Le surlendemain, ce fut au tour de Stephen et Astrid de rejoindre Kalundborg. Geillis, Lüdwig et Klaus arrivèrent les deux jours suivants, les uns après les autres.
Aucun d’eux n’avait trouvé de témoignages probants, seulement des on-dit, des récits de vieilles légendes, tous différents les uns des autres. Ce qui revenait le plus souvent était la version rapportée par Rachel et Elvira. Il fut donc logiquement décidé qu’ils iraient chacun aux abords de la forêt de Kongsøre Skov.
Le départ fut fixé au soir même. Il leur fallut louer une voiture supplémentaire, celle d’Elvira n’étant pas assez grande pour transporter tout le monde.

La route ne fut pas longue, les quelques kilomètres qui séparaient Kalundborg de Odsherred, près de l’Isefjord, furent avalés en moins de deux heures à peine.
L’Isefjord est une immense baie située au nord du Sjaelland, qui nait en fjord et se termine en bras se jetant dans la Baltique. La forêt se situe à l'est de cette baie, et s'étend sur 246 hectares.
Il y avait là principalement des hêtres et quelques conifères. Ce paysage était pour le moins atypique au Danemark - a plus forte raison au Sjaelland -, pays qui très vite délaissa ses forêt pour des champs de culture. C'est comme si personne n'avait songé à toucher cet îlot de hêtres. Comme si quelqu'un ou quelque chose les en avaient empêchés.
Le terrain était relativement plat, seuls quelques tertres et collines donnaient du relief à ce paysage plat, se détachant sur le ciel qui n'était pas encore totalement noir. Sur ces collines trônaient des antennes radio et autres structures du même genre, pointillés de lumière blanche et jaune, sauf sur un petit nombre d'entre elles. Si ce qu'avait dit Svenson était vrai, alors c'était sur l'une d'elles qu'il faudrait espérer trouver Gefjon.

En tout et pour tout, il y avait dix-sept collines sur lesquelles il n'y avait aucune installation humaine. Les visiter une à une n'était pas chose difficile, cependant plus le temps passait, plus Elvira se demandait si elle ne courait pas après un mirage. Elle commençait à se décourager.
De temps à autres, Julia, Lüdwig ou Geillis la réconfortaient de leurs paroles rassurantes.
Treize collines visitées, treize echecs. Ce fut sur la quatorzième colline qu'il se passa quelque chose d'intérressant.
Tout en grimpant à travers les hêtres, Elvira aperçut un feu follet à la lueur verdâtre qui serpentait dans le sous bois.
Puis d'autres apparurent qui entouraient les visiteurs. Julia ne pouvait cacher sa terreur. Tous s'étaient figés, attendant de voir ce qui allait bien pouvoir encore arriver. Les feux follets dansaient, sautillaient, virevoltaient tout autours d'eux, mais ne cherchaient pas à s'approcher trop près d'eux. Comme s'ils n'avaient pas l'intention de leur faire du mal.
Elvira comprit alors qu'ils cherchaient simplement à les faire rebrousser chemin. Pour garder Gefjon hors de toute atteinte.
Elle fit alors un pas, deux pas, trois pas en avant, les créatures lumineuses s'agitèrent de plus belle. Aucun mal ne lui serait fait, elle le savait, mais plus elle avançait plus la peur en elle grandissait. Sa volonté était cependant bien plus forte que sa peur, ce qui lui permit d'avancer encore, jusqu'au sommet, laissant derrière elle ses compagnons qui commençaient à reculer face aux feux follets.

Au sommet, elle ne vit rien d'abord , seulement un parterre d'herbe fraiche. Petit à petit elle se rendit compte de ce qu'il y avait d'anormal dans ce cadre d'apparance banale. Elle le sentit plus qu'elle ne le vit, ce vide sombre qui semblait se mouvoir, se tordre, comme un champ magnétique, invisible mais perceptible.
Plus elle avançait, plus ce champ devenait intense. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de sa source, lorsque d'un coup elle devint visible.
Une maison, minuscule, assez haute pour qu'un adulte puisse y entrer, mais véritablement petite, ses quatre murs ne devaient pas excéder le mètre carré. Des runes étaient inscrites sur des pierres lisses encerclant la batisse, également faite de pierres grises, rugeuses, et couvertes de mousse. Les runes étaient lumineuses, elles projetaient une lueur bleutée tout autours d'elles. Ce devait être cela qui créait ce champ d'illusion qu'elle avait apperçu un instant plus tôt, avant d'entrer dans le cercle que formaient les pierres.
Prudente, Elvira s'approcha de la maisonette aux dimensions étonnantes, et frappa simplement à la porte en espérant que quelqu'un lui ouvrirait.
La porte s'ouvrit d'elle même, il faisait très sombre à l'intérieur. Sitôt franchis le pas de la porte, l'obscurité s'évanouit, offrant à Elvira la vision d'un salon lumineux, simple, et aux dimensions normales, c'était comme entrer dans le Tarvis du Docteur Who.
Au centre trônait une massive table taillée dans la pierre, sur laquelle étaient posés un chandelier allumé, une jatte de terre remplie de fruits murs, ainsi qu'un grand panier rempli de linge blanc. La table était flanquée de deux grand bancs de bois marron gris. Un feu faisait craquer du bois dans une grande cheminée de pierre, sur la gauche. En face d'Elvira, une porte était ouverte sur l'extérieur.
Elle se dirgea vers cette dernière, espérant que Gefjon serai là.
C'était le cas, la déesse était là, assise sur un banc acollé à la maison. Elle semblait regarder quelque chose au loin. Ses yeux étaient d'un violet sombre surprenant, ses cheveux étaient noirs; deux fines tresses attachées derrière sa tête par un petit lacet de cuir encadraient son visage blanc. Elle parassait avoir une trentaine d'année, sa peau était à peine marquée par le temps. Cela semblait logique.

" Bonj...
-Chut; fit Gefjon en portant son doigt blanc contre ses lèvres roses. Regarde, il va se poser.
Elle pointait au loin un oiseau d'un blanc étincellant. Ses plumes, son bec, ses pattes étaient blanches. Il avait la queue comme celle d'un serpent, le bec comme celui d'un aigle, et n'était pas plus gros qu'un corbeau. Il décrivait des cercles autour d'un arbre sans feuilles, descendant en spirale. Puis il se posa, gracieusement, ramenant ses ailes d'un blanc immaculé sur son petit corps tout aussi blanc.
- C'est un caladre. Tu n'en avait jamais vu avant?
-Non, admit Elvira.
Elle n'avait jamais rien vu de tel.
- Le caladre est un oiseau guérisseur. Il peut prendre sur lui les maux des hommes et ainsi les guérir.
-Il est magnifique.
-Oui, il l'est. J'aime le voir se poser. Il s'apelle Mevgr.

Elle détourna ses yeux du caladre pour regarder Elvira, et sourit.
- Je ne sais pas qui tu es ni d'où tu viens, commença-t-elle, mais si tu as réussi à entrer chez moi, c'est que tu es quelqu'un de peu ordinaire.
-Je m'apelle Elvira, je suis un vampire.
-Ca je l'avais remarqué. Que cherches-tu ici? Existe-t-il une chose dans ce monde qui mérite un tel acharnement? Tu as résisté au sort d'illusion que j'ai dréssé autour de ma maison. Cela fait plus de mille ans qu'il est là, et jamais personne n'est parvenu à franchir les petits démons. Tu dois bien te douter que si j'ai fait cela, c'était pour que justement personne ne vienne troubler ma demeure? Il y a ici quelque chose que personne ne doit trouver.
- J'ignore de quoi vous voulez parler, je ne suis pas là pour dérober quoi que ce soit. Je cherche quelqu'un. Il s'apelle Zhoran.
-Je connais bien cette créature, je te déconseille de t'approcher de lui.
-Je le dois pourtant. Il a une chose importante à me révéler à propos de mon passé. J'ai besoin de le voir, de lui parler.
- Après tout, fait ce que bon te semble, mais je t'aurais prévenue, cette chose là est complètement folle, il ne dit jamais rien que l'on puisse comprendre aisément, il parle par images. Il ne cherche pas à aider les personnes qui viennent à lui, parce qu'il n'y trouve aucun intérêt, ce n'est pas sa fonction. Je peut en dire d'avantage sur Zhoran, tu connais son nom, tu sais aussi sans doute qu'il est métamorphe. Certains racontent qu'il est le fils de Hypnos, le dieu grec du sommeil. Hypnos est le fils de Nyx, la déesse de la nuit, et frère de Thanatos, dieu de la mort. Joli portrait de famille n'est-ce pas?
On dit également qu'il est lié aux différentes divinités représentant la discorde. Ainsi il serait affilié à Loki.
Personne ne sait très exactement d'où il vient, c'est comme s'il avait toujours été là. Il est en tout cas assez vieux pour avoir enfanté toutes les créatures métamorphes.
Zhoran est un personnage absurde, il n'est en rien comparable à tout ce que tu connais.
Je comprend pourquoi tu es venue jusqu'à moi. Tu t'es dit qu'une déesse scandinave saurait où trouver l'arbre monde dans lequel vit Zhoran.
-C'est exact. Où est-il?
-Tu dois d'abord savoir que Zhoran ne vit pas tout à fait dans Yggdrasil. Tu te doute bien que cet arbre n'existe pas vraiment. C'est un symbole. Je suis une ase, je ne vit pourtant pas en Asgard. Du moins pas tout à fait. Je ne suis d'ailleurs à proprement parler pas une déesse, au sens où les humains l'entendent.
Les dieux, quels qu'ils soient, qu'ils soient celtes, scandinaves, grecs, egyptiens, ou d'ailleurs, sont des créatures anthropomorphes associés à un élément ou à une histoire, en fonction de leurs pouvoir. Zeus, par exemple, contrôlait la foudre. Les hommes en ont fait le dieu du ciel, mais c'était juste un homme qui faisait pleuvoir les éclairs. Les hommes sont friands d'allégories, et ces créatures immortelles qui tenaient les éléments de la nature sous leur contrôle faisaient d'excellentes allégories.
Yggdrasil est une allégorie du monde en mouvement. Il représente le cycle de vie, les saisons qui s'enchainent.
Les mondes qu'il porte sont quant à eux rééls. N'as-tu pas remarqué que le monde d'où tu viens , et le monde qui s'étend face à toi sont différents? Nous sommes pourtant géographiquement toujours au même endroit, dans le même pays. Ce n'est pas tout à fait Asgard, mais dans l'idée, c'est à peu près ça.
Il existe différents mondes. Tu viens de Midgard, tu es ici dans un monde où vivent les créatures de légende. Il existe d'autres mondes, mais ces deux là sont ceux que tu dois pour l'instant connaitre.
Zhoran ne vit pas dans un arbre, mais dans un monde aux frontières de tous les autres.
-J'ai peur de ne pas comprendre...
- Imagine, disons, une forme simple, une étoile dans un polygone. Chaque branche de l'étoile représente un monde, celles-ci sont reliées par les faces du polygone. En réalité, il y a beaucoup plus d'embranchements que ça... c'est comme un réseau complexe. Mais ce qui est important, c'est le centre de l'étoile. Il est la jonction de tout ces mondes. C'est là que vit Zhoran.
- Et comment je peux le trouver?
- Comme tu m'as trouvée, moi. Je suis gardienne d'un de ces... embranchements. Ma maison est un passage entre deux mondes distincts, et elle n'est pas la seule. Il y a beaucoup d'autres gardiens et gardiennes de par le monde. Zhoran est en quelque sorte lui aussi un gardien, mais ce qu'il garde, lui, c'est le centre de toute choses. Il protège ce qui fait tenir les mondes en place. Sa "porte" est par conséquent plus difficile à débusquer, mais pas impossible. Le lieu n'a pas réélle importance. Il est en principe là où on s'attend qu'il soit. Il pourrait se trouver en Alabama autant qu'au Liban, ça n'a pas d'importance. Ton appel doit être assez fort pour qu'il se présente lui même à toi. Cependant, tu as plus de chance si tu te rapproche des pôles. Je ne saurais pas t'expliquer pouquoi, mais le fait est. Sans doute est-ce dû à l'activité magnétique, ou bien du fait de l'activité solaire... Je ne le sais pas. Quoi qu'il en soit, lorsque tu aura atteint le lieu qui te semblera être le bon, tu devra le faire venir à toi. Pour cela, il n'y a pas vraiment d'instructions à suivre, tu devra simplement ouvrir ton esprit, et apeller son nom. Il te trouvera lui-même.
- C'était si simple que ça?
- Oui, mais tu ne pouvais pas le savoir sans avoir posé la question, non?
-Bien sûr.
- Retournes maintenant d'où tu viens, et garde pour toi ce que tu as vu ici. Les portes qui mènent d'un monde à l'autre sont dissimulées, il y a une raison à cela.
-Je me tairais.
-Bien. Je te souhaite bon courage. Adieu.
-Adieu."

Elvira quitta Gefjon sur ces mots. La minuscule batisse entourée de pierres runiques disparut au fur et à mesure qu'elle s'en éloignait. Les feux follets étaient toujours là, ils la laissèrent passer sans encombre.
Au pied de la colline, elle retrouva ses compagnons, qui attendaient; qui assis sur un rocher ou à même le sol, qui faisant les cent pas.
Sans leur dévoiler ce qu'elle avait promit de taire, elle révéla ce que Gefjon lui avait apprit au sujet de Zhoran.
Se rapprocher du pôle serait la prochaine étape. Avec Rachel et Julia, Elvira détermina un plan de route. Le plus proche point du pôle nord géographique en Scandinavie était le littoral de la mer de Barents, ou l'île de Svalbard en mer du Groenland. On pouvait accéder au littoral en passant par la Suède et la Norvège, et atteindre l'île grâce à la banquise d'hiver, en contournant la mer de Barents à l'est. Il leur faudrait se renseigner sur l'accéssibilité de l'archipel, il y aurait peut-être un moyen plus simple.

Le mieux aurait sans doute été de se rapprocher au plus près du pôle magnétique qui se situe entre les îles canadiennes de Melville, Ellesmere et Devon, cependant Elvira n'estimait pas que ce soit nécessaire, étant donné que, comme l'avait dit Gefjon, Zhoran apparaissait là où on désirait le trouver.
Elvira décida qu'il lui apparaitrait sur l'île de Svalbard. Ce nom lui inspirait de bons augures, sans qu'elle ne sache réellement pourquoi.
Ensemble ils repartirent vers Copenhague dans la nuit, puis le lendemain soir empruntèrent le pont qui menait à Malmö, en Suède.


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