vendredi 3 mai 2013

Metamorphose - Chapitre 9 - En Terre de Borée

Chapitre IX - En Terre de Borée

L'Oresundsbron, le plus long pont à haubants du monde, environ dix kilomètres entre Copenhague et Malmö, au dessus de la Sund, fut parcouru en peu de temps.
Malmö était une ville accueillante, bien que pluvieuse en cette fin septembre. Les nombreux canaux qui l'entouraient lui conféraient l'aspect d'une île, posée au milieu de vastes plaines fertiles. L'église Fosie Kyrka dominait ce paysage plat, bienveillance battue par la pluie glacée qui semblait protéger les habitants de la cité.
Il n'y avait là rien de franchement extraordinaire, cependant ce paysage avait sur Elvira l'effet d'un calmant. Plus il défilait, plus le paysage suédois lui illustrait son avancée prodigieuse. Elle qui avait tant espéré pendant ces longs siècles, voilà qu'elle se rapprochait du but, mètre par mètre, plus rapidement qu'elle ne l'avait espéré.
Traverser Malmö prit un certain temps, les rues étaient encombrées par les habitants qui revenaient de leur travail. Ce ne fut qu'en fin de soirée que les deux voitures purent enfin sortir de la ville par le nord.
Ils passèrent la nuit à rouler sur l'autoroute longeant le littoral suédois, traversant tour à tour Halmstad, Falkenberg, Varberg, Kungsbacka, puis Göteborg. Au matin ils ateignirent Fredrikstad, première escale norvégienne de leur périple.
Les vampires décidèrent de s'y arrêter quelques heures afin de permettre à Julia de se reposer, celle-ci n'ayant pas leur capacité à rester éveillés indéfiniment sans jamais ressentir la fatigue. Qui plus est, elle avait également besoin de se nourrir, les provisions qu'elle avait emporté s'étaient taries la veille au soir. Son régime alimentaire était une sorte de compromis entre les régimes félin et humain, elle était omnivore et se nourrissait en petite quantités toutes les trois heures environ. Comme la plupart des chats, ses préférences allaient vers les produits de la mer et les viandes rouges saignantes, ce qui contenta tout le petit groupe, qui put ainsi passer moins de temps à trouver un repas qui convint à tous.
Ceci fait, tous reprirent la route, continuant à bonne allure vers le nord, jusqu'à Trondheim où ils firent leur seconde escale, le jour suivant. Ils décidèrent d'y rester deux jours afin que chacun puisse se libérer l'esprit, loin de la charge qu'imposait la quête d'Elvira. Celle-ci ne s'y opposa pas, consciente de la difficulté de ce qu'elle leur demandait. Elle leur en était par ailleurs reconnaissante, jamais elle n'aurait pu s'imaginer bénéficier de l'appui de personnes qui peu à peu devenaient, pour ainsi dire, ses amis, alors qu'une semaine auparavant ils ne se connaissaient pas.
Même Klaus et Erik y avaient trouvé leur compte, appréciant de plus en plus l'aventure, ils avaient fini par oublier leur première réaction, heureux de passer un moment somme toute agréable avec leurs amis.

En somme tout se passait pour le mieux jusqu'à présent, et Elvira travaillait ses nouvelles capacités avec Julia. A présent elle pouvait entendre une pensée distincte à une distance raisonnable sans fournir trop d'effort. Elle apprenait vite. Elle ressentait la présence des deux poursuivants, mais ils restaient toujours à une distance qui ne lui permettait pas de les entendre clairement. L'un comme l'autre devaient ignorer les capacités d'Elvira et de Julia, mais ils étaient néanmoins rusés et prudents. Venant de Nathanael, cela ne surprenait pas Elvira, mais en ce qui concernait l'autre, cela l'inquiétait. Ce qu'il voulait demeurait obscur, en tout cas il s'y prenait avec soin. Avec trop de soin pour que ses intentions ne soient pas hostiles. Le connaissait-elle? C'était possible, elle avait peut-être déjà eu affaire à lui, pourquoi en aurait-il après elle sinon? Julia elle-même ne pouvait pas répondre à cette question, l'homme avec son idée fixe gardait toutes ses autres pensées hors d'atteinte, cela faisait l'effet d'un mur, ou d'un très fort brouhaha qui empêcherai d'entendre une personne parler à portée d'oreille. Tout ce que Julia entendait, c'était une sorte de murmure sourd, parfois des mots, tantôt "je t'aurai, vermine" tantôt "ta race ne mérite pas d'être", le mot démon revenait souvent, de même que l'image d'un croquis dans un carnet à l'air ancien, un homme au regard dur et à la machoire anguleuse. Cela seul émergeait des méandres de son esprit, ce qui était néanmoins clair, c'était la virulance avec laquelle il pensait au visage d'Elvira.
En conséquence, cette présence néfaste pesait sur l'esprit d'Elvira, qui devait à chaque seconde s'attendre à voir le débarquer sans prévenir. Sans qu'ils n'en eurent conscience, Elvira devait assurer à tout moment la protection de ses amis, elle en était responsable.
L'idée de passer deux jours plus ou moins éparpillés l'inquiétait quelque peu, cependant Julia lui assura qu'ils resteraient suffisamment proches les uns des autres pour lui permettre de capter le moindre signal d'alerte.

Elvira acceuillit avec soulagement la solitude qui lui était permise. Elle avait passé la plus grande partie de sa vie seule, c'était une habitude. Cela dit, elle s'était accoutumée à la présence de ses compagnons. Jamais encore elle n'avait eut à partager autant de temps avec d'autres personnes qui en outre avaient un point commun important avec elle. Elvira n'en était pas au point de partager son fardeau, du moins leur présence était reconfortante, en quelque sorte.
La vampire profita de son temps libre pour faire quelques recherches au sujet de l'île de Svalbard, rattachée à la Norvège. De nombreuses brochures touristiques étaient mises à disposition, d'autant que Trondheim était elle même un point clé d'un des nombreux parcours touristiques norvégiens.
Elle n'y appris guère plus que le fait que l'île était un centre de chasse à la baleine entre 1612 et 1720; abritait le siècle dernier des colonies minières russes à Pyramiden et Barentsburg et comptait seulement 2481 habitants, la plupart réunis dans la ville de Longyearbyen, des norvégiens autant que des russes.
Sur l'histoire de Svalbard, Elvira apprit que l'île était mentionnée dès 1194 dans une saga islandaise; qu'elle devait son nom - Spitsberg - au navigateur hollandais Willem Barents qui découvrit l'île en cherchant un passage vers la Chine par le nord, qui d'abord nomma le petit groupe d'île "Spitsbergen"- "montagnes acérées" en norvégien. Le mot Svalbard signifiait "côte froide" en vieux norrois. Spitsberg était en fait le nom de la plus grande île de Svalbard, mot qui désigne l'ensemble des îles. Svalbard était connue pour les expéditions dont elle avait été témoin, comme celle d'Amundsen en 1928, une opération de sauvetage au cours de laquelle il trouva la mort.
Elvira se souvenait d'Amundsen, un homme passionné dont les exploits avaient fait couler beaucoup d'encre à l'époque. Elle avait de l'admiration pour cet explorateur, qui repoussait toujours plus loin les limites du monde connu. C'est lui qui, le premier, atteignit le pôle sud en 1911, bien sûr avec intérêt d'abord: il comptait sur cette expédition pour s'assurer gloire et financement pour celles qui allaient suivre.
Il faisait partie de cette longue liste de découvreurs qui n'avaient pas peur de voir plus loin, d'envisager l'impossible; cet homme était muni d'un fort sens de la compétition, son ambition avait toujours été d'être "le premier". En cela il était ce qu'on appelle un galiléen. Avec toute sa détermination il y était parvenu. Elvira était honorée de suivre ses traces, géographiquement autant que d'un point de vue spirituel. Elle aussi se sentait déterminée à aller plus loin, jusqu'au bout de sa quête, non pour la gloire mais pour la paix de son esprit.

Les rues de Trondheim à cette heure avancée du soir étaient presque vides, seulement fréquentées par quelques touristes retournant à leurs hôtels, et de quelques habitants rentrant chez eux après une bonne soirée entre amis. Elvira entendait leurs pensées, espérant trouver Nathanaël dans tout ce fouillis. Elle ne le trouva pas, malgré tous ses efforts. Plus elle avançait, plus elle s'admettait in petto à quel point il lui manquait. Elle aurait tant voulu partager avec lui ce bout de chemin qu'elle faisait avec des gens qu'elle connaissait à peine, sans parler de Ludwig et Geillis. Lui seul connaissait le fond de son âme, ou du moins une grande partie. Lui seul aurait pu atténuer sa solitude, et malgré ses sempiternels sarcasmes lui apporter un peu de réconfort. Son ami, son amant, lui manquait terriblement.
Elvira passa sa nuit à marcher dans les rues éclairées, à chercher désespérément les pensées de celui qu'elle aimait.
La région étant peu ensoleillée à cette époque de l'année, elle pu profiter d'une nuit longue, et resta jusqu'à neuf heures du matin sur la colline de Storheia. Entre dix heures et quatorze heures, le soleil restait toujours très bas dans le ciel, en automne et en hiver; en été le soleil demeurait sous l'horizon de trois heures à minuit, comme un perpétuel lever de soleil. Elvira l'avait lu sur sa brochure, elle s'était dit que même une aube éternelle lui rendrait le bonheur qu'elle avait perdu, a défaut de pouvoir se montrer librement au grand jour.
La colline de Storheia surplombait la ville, pendant des heures Elvira observa les faibles lueurs de la ville en éveil sous un ciel d'encre. Chacune de ces âmes délivrait une pensée, secrète ou à peine voilée, Elvira lisait dans leurs esprits leurs petits mensonges qu'elle devina être quotidiens. Tout le monde a ses secrets, ça elle le savait déjà, mais les entendre... C'était comme si elle violait leurs esprits, comme si elle leur volait la partie la plus intime d'eux mêmes, celle que chacun désire garder enfoui profondément. S'ils avaient su qu'elle écoutait leurs âmes, nul doute qu'ils voudraient sa destruction. Ce monstre qu'elle était, qui leur feraient peur, ils voudraient qu'elle n'ait jamais vu le jour, et feraient tout pour qu'elle ne puisse plus même voir la nuit. Elle se dégoutait tellement. Pas seulement pour ce don qui s'avérait cruel, mais pour tout ce qu'elle était, chaque particule d'elle même lui aurait donné la nausée.
Non par vice, elle continua d'écouter, pour trouver Nathanaël. Elle sacrifiait sa morale, le droit de chacun à penser librement, pour trouver le seul être qui la haïssait plus que nul autre... Quel paradoxe que la vie, parfois.
Contrainte par le jour naissant, elle se leva, se ferma au monde sous ses pieds, et retourna à l'auberge. De minuscules flocons de neiges virevoltaient autour d'elle, tapissant le sol comme une dentelle légère. La saison des faibles neiges était en avance cette année-là.
"Si c'est un signe, se dit Elvira, je me demande bien de quoi il s'agit... Le ciel cherche-t-il à me réconforter ou bien à m'avertir? "
Elvira glissait entre les entrepots colorés de la ville, le visage givré par la neige molle, sur son visage elle ne fondait pas, son coeur était trop froid pour ça. Elle déboucha devant la cathédrale de Nidaros, construite en 1070, restaurée en 1814, un magnifique exemple de l'architecture gothique en scandinavie. L'édifice se dressait majestueusement au-dessus de la rivière Nivelda, et semblait accabler Elvira de toute sa hauteur, ses pointes brandies comme des masses prêtes à s'abbatre sur elle. C'était comme si elle avait compris le mal en Elvira, comme si elle avait su qu'elle avait violé les âmes dont elle était la gardienne.

Quelques minutes plus tard, elle arriva au Pensojat Jarlen, l'auberge dans laquelle elle avait prit une chambre la veille dans l'après-midi, pour elle et Julia.
La chambre était modeste dans sa décoration, de simples rideau jaunes mordorés couvraient les deux fenêtres côte-à-côte, les deux lits couverts de draps blancs faisant face à un poste de télévision à écran plat accroché au mur, blanc lui aussi. Une simple table de bois beige, un fauteuil massif de cuir noir et deux lampes de chevet blanches fixées au-dessus du lit constituaient le mobilier de la pièce. Une petite salle d'eau jouxtait la chambre, qui bien que minimaliste s'avérait acceuillante, chaleureuse même.
Julia sous sa forme de chat ronronnait paisiblement sur le fauteuil, roulée en boule, ses pattes couvrant son museau. Entendant la poignée de porte rouler sur elle-même en un cliquetis metalique, elle ouvrit paraisseusement un oeil, remuant ses oreilles d'avant en arrière. Reconnaissant Elvira elle se leva en s'étirant, le dos rond, bayant à s'en décrocher la machoire. Elle sauta à bas du fauteuil et reprit forme humaine pour saluer son amie.

" Tu es partie longtemps, Dame-Vampire...
-Tu as dormi longtemps, Dame-Chat!
-Certes... La paresse n'est pas un vice pour les chats, répondit Julia avec un clin d'oeil.
-Les nuits sont longues, ici en ce moment. Dis-moi, comment peux-tu écouter les pensées sans avoir le sentiment de les voler?
-Oh, tu sais, je suis née avec ce don, la morale à ce niveau là n'est pas la même pour moi que pour le reste du monde, dont toi. Quand j'étais petite, j'ai appris à selectionner les pensées, la question s'est donc rarement posée.
-Je vois... Mais au fait, je ne sais ni quand ni où tu es née...
-Je suis née en 1998, à Douvres, en Angleterre. J'ai passé la majorité de ma vie au Danemark, mes parents s'y étaient rencontrés.
-Tu as quatorze ans? s'éxlama Elvira, dubitative.
-Ben oui, je suis à moitié chatte, ne l'oublie pas... Les particularités animales et humaines se confondent, je vis plus longtemps qu'un chat lambda, mais je grandit presque aussi vite qu'un chat, aussi. J'ai atteint ma maturité à l'âge de cinq ans. C'est plus tard qu'un vrai chat, c'est vrai, mais bon, ça se vaut. Enfin, je ne me suis jamais posé la question de savoir si mon évolution était proportionnelle ou non par rapport à celle d'un chat, ou à celle d'une femme.
-Dans ce cas, si ton développement est à mi-chemin entre celui d'un chat et celui d'un être humain, cela veut donc dire que tu vis moins longtemps qu'un être humain, non?
-Si, d'après ce que je sais, je peut vivre jusqu'à quarante et un ans au maximum.
-J'aimerais être aussi éphémère...
-Ne dis pas ça, tu es éternelle, il faut faire avec. Moi, je fais avec.
-Quand j'étais humaine, au moins j'avais la certitude que quelles que soient les difficultés que j'allais rencontrer, je finirais par connaitre la paix éternelle.
-La mort n'est pas une récompense. Un passage obligé, tout du moins, mais ce n'est en aucune façon une récompense. Les souffrances existent seulement dans la vie, et leur fin également. C'est dans la vie qu'on connait la récompense pour avoir enduré mille peines. Tu peux t'accabler indéfiniment ou bien décider d'en finir et d'accepter ton sort.
-Tu as peut-être raison, mais tu n'as pas mon expérience. Les souffrances restent vives dans mon esprit, parce que je ne peut pas oublier, pas plus que je ne peut réparer mes erreurs, elles me suivent depuis des siècles sans que je ne puisse faire taire les cris dans ma tête. Bon sang, j'ai une âme, Julia! Tout ce qu'on raconte à ce sujet à propos des vampires est faux, je ressens la culpabilité aussi clairement que lorsque j'étais mortelle. Et dans l'éternité la culpabilité ne s'efface pas. Je ne peut pas faire le choix de faire avec ou non, je dois faire avec, ce n'est pas vivable, crois moi.
-Certes je n'ai pas aussi bonne mémoire que toi, mais que l'on soit immortel ou non, la culpabilité reste toujours ancrée quelque part en chacun. C'est aussi difficile pour eux que pour toi, le fait que leur vie doive s'achever ne les soulage aucunement.
-Comment font-ils pour supporter?
-Il n'y a pas de méthode universelle pour ça. Certains décident tout simplement de se pardonner leurs erreurs, aussi graves soient-elles. Il faut que tu parviennes à te pardonner, Elvira, parce que les personnes que tu as pu faire souffrir ne sont plus là pour t'accorder leur pardon, et celle qui reste est encore fraichement traumatisée parce que tu lui as fait. Il te pardonnera un jour, mais il doit d'abord accepter. Ca prend du temps. Or du temps vous en avez tous les deux.
-Tu es de bons conseils, Dame-Chatte, dit Elvira avec un sourire triste.
-Je t'en prie, nous somme amies, maintenant. Je me suis attachée à toi, tu sais...
-J'ai bien peur que ce soit également mon cas, c'est une autre source d'angoisse.
-Je suis éphémère, oui. Alors profite tant que je suis là, d'accord? Ne t'en fais pas, j'aurai toujours neuf vies dans ton coeur, non?
-Absolument.
-Alors à la bonne heure, soyons amies sans nous soucier de demain, parce qu'il n'existe pas. Tu veux partager mon déjeuner?
-Avec plaisir.

Julia alla chercher la glacière que lui avaient laissé les vampires. Elle en sortit deux tranches de foie de veau saignantes. Une fois repues, Julia retourna se blotir dans le fauteuil de cuir noir, et Elvira s'allongea sur l'un des deux lits, sommeillant à moitié.

-Julia, j'ai une autre question.
-Moui?
-Tu m'as dit que tes parents s'étaient rencontrés au Danemark. Je voudrais juste savoir une chose: tes parents étaient-ils comme toi, des métamorphes?
-Bien sûr, quelle question! D'un humain nait un humain, d'un chat nait un chat; moi je suis née de parents métamorphes.
-Comment étaient-ils?
-Mon père travaillait au sein d'une entreprise de télécom. Il estimait qu'étant à moitié humain, il devait gagner sa vie au même titre que n'importe qui. Ma mère, en revanche, était plutôt comme moi, plus chatte qu'humaine. Ils se sont en fait rencontrés lors d'un voyage de mon père, l'un des nombreux déplacements inhérents à sa fonction. Ma mère était née à Kolding, sur l'île Jylland, mais vivait depuis quelques temps déjà à Copenhague. Ils ont passés quelques jours ensemble au Danemark, mais mon père devait retourner en Angleterre. Ma mère était tombée amoureuse de lui, alors elle l'a suivi. Ils se sont mariés, et deux ans plus tard, je naissait. Ils ont tout les deux la trentaine aujourd'hui, ils vivent toujours en Angleterre. Moi, je suis partie très tôt, trois ans après ma majorité - en 2006, parce que je voulais découvrir le monde. Je me suis établie à Copenhague il y a tout juste quatre ans.
-Ma mère était anglaise, elle aussi. Je ne l'ai pas bien connue, j'avais cinq ans lorsqu'elle est morte. Ce que je sais, c'est qu'elle avait quatorze ans lorsqu'elle et ses parents ont quitté Weymouth, dans le Dorset, pour la Bretagne. Elle s'est mariée à mon père un an plus tard, et m'a mise au monde l'année suivante. Puis elle est tombée malade l'année de mes quatres ans. Pendant des mois, je ne la voyait quasiment plus, elle restait constamment dans l'obscurité de sa chambre. Les derniers mois elle refusait même de me laisser y entrer. Mon père disait qu'elle voulait me préserver. Après sa mort, le père enjoué que j'ai connu a disparu. Il essayait tant bien que mal de ne pas me le montrer, mais je n'étais pas stupide, je voyais bien sa peine sous ses sourires, cette douleur ne l'a jamais quitté jusqu'à sa mort. Mon... état l'a tué, je crois. Il n'a pas supporté de me voir suivre les traces de ma mère, je restait terrée dans ma chambre nuit et jour. Je n'étais pas mourante physiquement, mais il sentait que j'étais morte à l'intérieur. Il ne s'est jamais douté que j'était devenue un vampire. Je voulais désespérement trouver le vampire qui m'avait métamorphosée, parce qu'il avait détruit ma vie toute entière, je voulais détruire la sienne. Je suis restée quelques temps en Bretagne, puis je suis partie, ne trouvant aucune trace de lui.
- Tu ne te souviens pas bien de ta maman? Tu as pourtant une très bonne mémoire, non?
- Oui, je me souviens sans avoir à chercher dans ma mémoire, mais cette capacité est survenue dès l'instant où j'ai été métamorphosée. Avant ça, ma mémoire était normale, et les vieux souvenirs ne sont pas ressortis comme par enchantement à sa surface. Je n'ai de ma mère que des bribes de souvenirs. Je me souviens de son odeur, je me souviens qu'elle était belle, et intelligente. J'étais jeune, je ne me souviens pas du reste.
-Quelle dommage...
-Oui, j'aurais aimé la connaitre davantage.
-Je m'en doute. Et comment as-tu rencontré Ludwig? Vous semblez vous connaitre depuis longtemps.
- Il faut savoir déjà que Lüdwig est un vampire connu et respecté depuis longtemps. Il a formé de nombreux jeunes vampires au cours de sa vie. Il leur a appris à respecter leur nature tout en respectant la nature de chacun.
Il avait donc déjà bonne réputation lorsque j'ai fait sa connaissance. C'était en 1789, à Paris. La Révolution française avait fait beaucoup de dégats, j'y ai laissé mon dernier mari et la fortune que j'avais accumulée pendant des siècles. Bien sûr, je soutenais les révolutionnaires, leur cause me semblait juste, et j'étais issue de leur classe sociale, tu comprends? Mais entre les révolutionnaires et les royalistes, mon argent à été mis à profit, que je le veuille ou non. Mon époux à l'époque s'appellait Philipe Saint-Armant, il était issu d'une famille de la noblesse française, et était comptable au service de Louis XVI. Il a été tué par une bande de révolutionnaires, parce qu'il s'opposait farouchement à la révolution, il ne supportait pas l'idée qu'on le prive de ses privilèges.
J'étais sur le point de quitter Paris, elle était devenue trop dangereuse pour moi. Pas à cause de ma nature, pour une fois! Car bien que je soutenasse leurs revendications, les révolutionnaires ne voyaient pas d'un bon oeil quel que noble que ce fût, et la guillotine dont ils étaient si fiers aurait été une arme fatale pour moi. Que j'aie eu envie de les aider n'y changeait rien, ils étaient trop en colère.
Lüdwig est arrivé à point nommé, nous nous sommes rencontrés un soir d'agitation, la ville venait d'être mise à sac, et j'ai été prise au sein d'une foule enragée. Lüdwig m'a trouvée là, m'a extirpée de cette foule et entrainée en lieu sûr. Nous avons attendu des heures dans une cave humide que la foule se disperse, vers deux heures du matin nous avons pu enfin sortir, les lueurs de leurs flambeaux rougissaient encore le ciel à quelque distance de là où nous étions, près de Belleville. La foule avançait en direction des Champs-Elysée, Lüdwig et moi décidames de nous diriger vers l'est.
Quelques jours plus tard nous nous retrouvâmes en Alsace, à Niederbronn, où nous sommes restés de longs mois. Niederbronn n'avait pas été épargnée par les catastrophes liées a l'état de l'agriculture - les secheresses et la grêle- , ni par la hausse des prix du pain. Cependant, l'endrois demeurait calme. Les agriculteurs étaient certes indignés, mais ils ne pouvaient pas se rendre à Paris pour se faire entendre, ils devaient s'occuper de leurs terres déjà mises à mal et de leurs familles. Aussi nous avons pu attendre en ces lieux que les choses se tassent. Et comme tu le sais sans doute, elles ont fini par se tasser, en effet. La déclaration des Droits de l'Homme à été prononcée un mois après notre départ, en aout 1789, mais il fallu attendre dix ans que la Révolution française ne s'achève enfin.
Ces dix années je les ai passées avec Ludwig, qui m'enseigna le respect de la vie humaine. Il m'apprit à concilier ma nature carnivore et mes origines humaines. Il a toujours considéré que nous n'étions en rien supérieurs à la race humaine, pas plus que les humains n'étaient supérieur aux diverses races animales. Simplement, nous devions faire en sorte de nous nourrir de façon à ce qu'un équilibre soit créé. Nous ne sommes pas restés longtemps à Niderbronn, nous avons pendant ces dix années visité l'Allemagne, les Pays-Bas - dont il était originaire, le Danemark - où nous sommes restés le plus longtemps - , l'Autriche, l'Italie, puis l'Angleterre.
Nous avons finit notre course à Londres au cours de l'hiver 1800. Mon enseignement était achevé, Lüdwig devait retourner en Hollande. Soixante-treize ans plus tard je faisait la connaissance de Nathanael et... enfin, la suite en ce qui le concerne tu la connais.
J'ai revu Lüdwig au cours des années 1960, période au cours de laquelle il rencontra Geillis, qu'il vampirisa en 1967. J'ai connu Geillis deux ans avant sa transformation, très vite nous nous sommes attachées l'une à l'autre. Enfin, elle s'est attachée à moi, pour ma part je me refusais à ressentir de l'affection pour qui que ce soit. C'est cette année là qu'ils partirent pour les Etats-Unis, moi je suis restée quelques années en Ecosse, en Irlande et ensuite en Angleterre. Puis en 1996 je suis retournée en France, dans la région parisienne, où j'ai vécu jusqu'à il y a presque un mois.
- Tu as vécu toute sortes de conflits au cours de ta vie, ça n'a pas dû être facile de trouver un endroit où tu puisses vivre...
- Oh, tu sais, il y a toujours des conflits partout et tout le temps, mais rarement dans tous les pays à la fois, tu vois? J'ai toujours eu la possibilité de trouver des lieux hors des conflits en cours. C'est vrai qu'il m'était difficile avant la seconde moitié du XXème siècle de rester plus d'un an au même endroit, mais bouger n'étais pas un problème. Je n'ai jamais pu rééllement m'installer nulle part et, c'est vrai, il y a des moments où je le regrette; mais dans le fond, le lieu n'a pas d'importance. Je suis chez moi partout où je pose les pieds.
-Je comprends, c'est aussi ce que je pense.
-Pendant toutes ces années passées avec Lüdwig, le plus important, ce n'était pas où nous passions nos jours, c'était le fait que nous étions ensemble. Quand il est parti, j'ai d'abord ressenti comme un vide, il était mon mentor. Il était pour ainsi dire comme un père pour moi, et je sais qu'il m'aimait comme sa fille. Mais j'avais besoin de plus. Mes maris n'étaient pas à même de comprendre, et je ne les aimais pas. C'est tout juste si j'avais de l'affection pour eux, comme on en a pour ses amis. J'avais besoin... je ne sais pas, d'amour peut-être. Oui. Surement, oui, j'avais besoin d'amour dans ma triste vie. Nathanael a été le premier homme que j'ai aimé rééllement, longtemps avant que je ne le transforme. J'ai été d'un égoisme sans nom. J'ai été cet être dont je cherche à me venger depuis si longtemps, j'ai détruit sa vie parce que je me sentais seule. J'ai agit sans altruisme, sans réfléchir aux conséquences, ce fut le coup d'une impulsion que je n'ai pas su contrôler. J'ai été stupide.
- Il t'en veux, c'est une certitude, mais il ne te hais pas.
-Tu me l'as déjà dit. As-t-il pensé une seule fois à moi autrement que comme une créature maléfique, une assassine, une salope ou un monstre sans coeur?
-Hum. Je pense qu'il essaie de se persuader que c'est le cas, mais dans le fond, il t'aime. L'amour et la haine sont deux sentiments très liés. Force est d'admettre qu'on ne hais pas quelqu'un dont on se fout royalement! Il t'a d'abord aimé, ça il y pense souvent; mais tu l'as blessé, alors la haine est venue se supperposer à l'amour. Ces deux sentiments se retrouvent désormais en conflit dans son esprit, il ne sait pas auquel des deux il doit accorder le plus d'importance.
-Je comprendrais que la haine l'emporte.
Julia se leva pour s'assoir à côté de son amie, et la pris dans ses bras.
-Ne crois pas ça, douce Elvira, tu es digne d'être aimée, je le sais. Tu as fais des erreurs, mais aucune d'elles ne sont une raison valable pour que tu t'inflige cette... auto flagellation. Tu es tellement certaine d'être haissable que tu en oublie de te pardonner. Tu n'es pas parfaite, alors accepte-le. Nathanael finira par accepter ce qu'il est, parce qu'il n'en a pas le choix. Tu dois lui laisser le temps, et en attendant avancer sans te retourner. Tu as un passé tel qu'aucun humain ne peut en avoir, mais n'oublie pas que le passé n'existe pas. La seule vérité est le présent, - bien qu'il soit aussi incertain que le passé et l'avenir, celui-ci étant en perpétuel mouvement - mais il est néanmoins le seul temps expérimentable, donc seule vérité. Ton passé fait qui tu es, mais il ne doit pas façonner l'instant, juste le soutenir.
-Je le sais, je le sais bien, j'ai lu Bergson, tu sais...
-Tes références philosophiques sont admirables, répondit Julia en riant, mais il ne s'agit pas de philo! C'est de la vie dont il s'agit, les grands philosophes ont une forte tendance à exprimer par de grands mots ce qui fait l'essence même de la vie. Nul besoin d'être Bergson pour constater que le temps est fugitif...
-Tu as raison, encore une fois! Tu es une femme intelligente, et cultivée. As-tu fait des études?
-En fait, personne ne s'est jamais posé de questions sur mon âge, et comme mon père s'est intégré à la société, j'ai pu bénéficier assez tôt du système éducatif anglais. Ma mère m'a fait suivre les cours de primaire à la maison, puis je suis entrée durectement en terminale au lycée, à deux ans j'avais l'allure d'une ado! Suite à ça je suis entrée à l'université, où j'ai fait deux années d'études de lettres et une de philosophie, entre 2000 et 2003. Je suppose que depuis tout ce temps, tu n'as pas eu besoin de passer par un enseignement scolaire?
-Non, en effet. Mon père a été un peu l'égal de ta mère, la différence était juste au niveau de ce qu'il m'enseignait. Assez tôt, mon père m'a appris l'essentiel en ce qui concernait les travaux des champs, il m'a aussi appris à lire et a compter. Il était marchand et cordonnier, je l'aidais à tenir les comptes quand j'avais entre neuf et vingt ans. A cette époque, il n'était pas indispensable d'aller à l'école, à plus forte raison lorsqu'on était une fille. Si je n'avais pas été vampirisée, j'aurais fini ma vie mariée avec quelques enfants à ma charge. Une femme n'avait pas besoin d'être érudite. Mais voila, j'ai été vampirisée et obtenu une mémoire plus qu'excellente. Et surtout j'ai eu le temps! J'ai appris seule, en lisant beaucoup surtout, mais aussi en fréquentant des gens d'importance qui ont su m'apporter des connaissances essentielles, souvent malgré eux. Jusqu'à récemment, les hommes m'ont considérée comme une femme sinon simple d'esprit, au moins d'intelligence inférieure à la leure. Ils avaient tort, et pas seulement parce que je suis un vampire. Les femmes ont longtemps été sous-estimées, c'était une erreur. La plupart des vampires, dont moi, ne sont pas dotés d'une intelligence exceptionnelle, avoir de la mémoire ne signifie pas être intelligent. Oh, je ne suis certes pas stupide, mais je ne suis pas plus intelligente que n'importe qui d'autre.
- On se fait beaucoup d'idées au sujet des vampires, hein?
-Oui, on s'en fait beaucoup. Les gens ont toujours tendance à exagérer, disons, sur ce qu'ils ne connaissent pas. Les vampires ne sont pas des versions parfaites de l'humain, juste une version alternative. Les vampires sont un esprit vivant dans un corps mort, mais ça ne fais pas d'eux des êtres puissants, de grande beauté et d'une intelligence sans limites.
Les humains ont fait du vampire un fantasme, ils sont fascinés par l'éternité, et s'imaginent que ce qui est éternel est nécéssairement bien meilleurs qu'eux sur tout le plan physique, comme à l'égal de Dieu. Mais être l'égal de Dieu n'a jamais été une chose envisageable, alors les humains ont considéré que la créature éternelle qui n'était pas Dieu devait nécessairement être un démon maléfique, amoral, devant payer pour avoir eu droit à l'éternité.
C'est surtout les écrivains du vingtième siècle qui se sont mit à émettre cette idée selon laquelle le vampire devait évoluer dans une constante mélancolie; après avoir considéré l'éternité comme un cadeau ils ont imaginés que ce devait être un fardeau. Ca n'est pas le cas pour beaucoup de vampires, qui pourtant ne sont pas des êtres cruels et à la morale négative. Les vampires ne sont pas maléfiques, ni l'inverse d'ailleurs, nous avons une morale identique à la morale humaine, ou se confondent en une relative harmonie les principes de bien et de mal.
Et non, et je tiens à le dire, parce qu'aujourd'hui c'est une chose particulièrement risible: les vampires ne sont pas tous dotés d'une beauté parfaite! La vampirisation ne prive pas l'humain de sa sale gueule!
-On va dire que tu as eu de la chance!
-Exact! J'ai la chance d'être agréable à regarder, mais j'ai souvent pu constater qu'un vampire reste tel qu'il était avant sa transformation. Et j'en ai vu des gratinés tu peux me croire...
-Ca me semble logique. Regarde, la nuit est tombée! Tu va sortir?
-Peut-être. Oui, surement. Veux-tu m'accompagner?
-Avec plaisir!"

Sur ces mots Julia se leva prestemment, et enfila son manteau. Même sous sa forme de chat, elle aurait eu froid dans cet après-midi glacé.
Ensemble, Julia et Elvira parcoururent la ville, longeant ses quais, observant sur l'autre rive d'adorables maisons sur pilotis, faites de multitude de couleurs chatoyantes, révélées par les lueurs de reverbères.
Elles passèrent de longues heures à déambuler, visitant comme l'auraient fait deux amies ordinaires, s'émerveillant de ce qu'elles voyaient, riant et discutant de choses et d'autres.
Vers une heure du matin, Elvira ramena Julia, qui sommeillais à demi, jusqu'à l'auberge. A son tour Elvira s'endormi. Sous ses paupières closes elle vit le visage de Nathanael, au-dessus d'elle, qui riait et pleurait à la fois, tenant ses mains dans les siennes.

Le lendemain au soir, les neuf compagnons se retrouvèrent devant le bâtiment principal de l'Université de sciences et technologie, un imposant édifice de pierres gris-brun à la porte cerclée par une voute richement décorée; située sur la rive opposée à celle de la cathédrale de Nidaros, au centre de la ville.
Ensemble ils se rendirent dans un centre commercial afin de refaire le plein de vivres. Ils reprirent la route deux heures et demi plus tard, se racontant leurs deux journées séparés.
Ils atteignirent Tromso deux jours plus tard. Il n'y avais pas d'avion en partance avant trois jours. Au bout de ce délais qu'ils passèrent ensemble à visiter Tromso, ils embarquèrent dans un avion qui les emmena jusqu'à Longyearbyen, capitale de l'archipel de Svalbard.
En cette époque de l'année et sous ces latitudes, la nuit était permanente. Contrairement à ce qu'on aurait pu s'imaginer, le climat actuel n'était pas "polaire" au sens le plus strict. Bénéficiant du Gulf Stream, les températures moyennes de cette fin d'automne avoisinaient les moins vingt degrès, un climat plus doux que de nombreux lieux suivant cette latitude.
Une neige dense, épaisse et immaculée tapissait le sol autour des pistes d'atterissage jusqu'à perte de vue. L'aeroport de Longyearbyen, situé à trois kilomètres à l'ouest de la ville en elle même, avec ses facades noir anthracite, était de taille modeste, peu de voyageurs déambulaient dans le bâtiment. La période était loin d'être celle qui attirait les tourristes venus du continent.

Elvira et ses compagnons décidèrent de passer la soirée au Kroa Bar, qui avait réputation d'être chaleureux, agreable et au service impécable.
Le bois était une matière qui régnait en maitre dans cette salle à l'aspect chaleureux. Les tables et le bar imposant étaient fait dans un bois massif, et des lambris couvraient tous les murs. Derrière le comptoir, les alcools étaient rangés couchés à l'horizontale sur une étagère telle une cave à vins, donnant à l'ensemble un aspect cossu que trop de tavernes n'avaient pas.
A la droite du bar étaient les tables décorées chacune par un unique luminion, dans une salle séparées en deux parties distinctes par une cloison ouverte. Sur le mur du fond trônait une immense peinture représentant un ours polaire, animal emblématique de l'archipel et le mur atenant au premier était couvert de potographies anciennes représentant les mines. La présence de peaux de bêtes tendues sur les murs conféraient à l'endroit un aspect rustique, témoignant de la présence chasseurs - absents depuis que les espèces jadis chassées avaient été classées comme protégées.
" Bien, commença Elvira, nous touchons au but. Gefjon m'a ssuré que Zhoran viendrait à moi, sans qu'il ne me soit nécessaire de procéder à un quelconque rituel. Ca risque de prendre du temps, aussi je tenais à savoir comment vous envisagiez la suite des évènements. Je ne peut pas vous forcer à rester avec moi, c'est évident.
Ce fut Lüdwig qui répondit le premier.
-Ma chère Elvira, nous te soutenons dans tes projets, en conséquence de quoi je décide de rester avec toi jusqu'au bout.
-Merci, mon ami, j'en suis honorée.
-Je ne vois pas d'objection à ce que nous restions tous ici, renchérit Klaus. Il va sans dire que le temps n'est pas un problème pour nous.
Les autres acquiescèrent Klaus. Julia sans le dire fit comprendre a Elvira qu'elle resterai avec elle aussi longtemps que cela lui serait permis.
Cependant, il n'était pas certain que Zhoran apparaitrait en présence de tout ce monde, ce qui impliquait qu'Elvira devrait se rendre seule au point de rendez-vous qu'elle avait choisit. Elle avait décidé que ce lieu serait l'extrémité nord de l'île de Longyearbyen. Elle s'y rendrait seule, ses compagnons resteraient dans la capitale.
Ne sachant combien de temps elle passerait seule, ils décidèrent de fêter ensemble ce qu'ils considéraient comme une aventure excitante.
Tout les neuf restèrent jusquà tard le soir, ensemble, a boire du whiskey en riant et bavardant comme de vieux amis.
Elvira elle-même se surprenait à partager leur liesse. Demain commencerait le point d'orgue de cette traversée des terres de borée, la rencontre avec le guardien suprême des mondes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire